DES IDEES RECUES SUR L’ADDICTION AU CANNABIS QU'IL FAUT DEMYSTIFIER....
L’ADDICTION EST DUE AUX FREQUENTATIONS
Les fréquentations surtout à l'adolescence favorisent grandement la consommation de cannabis mais il existe une différence entre faire l'expérience de fumer un joint et développer une addiction.
On constate qu’une addiction se développe dans 5 à 10 % des cas. L'addiction est une maladie chronique comme le diabète ou une autre maladie physique qui évolue par rechutes, caractérisée par un processus récurrent comprenant une intoxication répétée.
Le sujet reçoit un besoin irrépressible de consommer puis s'installe progressivement dans la dépendance. Il s'agit d'anesthésier, une souffrance parfois physique mais le plus souvent psychique.
LE CANNABIS CONDUIT A LA CONSOMMATION DE DROGUES DURES
Une initiation précoce de l'usage de cannabis est souvent associée au développement potentiel d'une consommation plus intense et problématique plus tard. Ce n'est pas systématique. Le cannabis n'entraîne pas forcément de polyconsommation.
Plus un sujet commence à consommer jeune, plus il risque d'être amené à consommer d'autres produits.
La consommation entre amis en soirée est moins à risque que la consommation en solitaire dès le matin.
Ce sont des raisons psychologiques qui font que le sujet va glisser vers la consommation de drogues dures. Un sujet fragile, présentant un manque d'estime de soi, un manque de repères sera plus exposé.
IL EXISTE UNE ADDICTION PHYSIQUE AU CANNABIS
La dépendance physique correspond au syndrome de sevrage ou de manque et au phénomène de tolérance (besoin d'augmenter les doses de produits pour obtenir l'effet souhaité). Il est classique d'entendre et de lire que le cannabis ne rend pas dépendant physiquement… que ce n'est que la dépendance psychologique.
Cependant, il existe un syndrome de manque chez les gros consommateurs. Il est marqué chez des sujets ayant des pathologies psychiatriques associées à une vulnérabilité addictive importante. Il peut débuter 24 heures après l'arrêt de l'usage. Il existe un pic symptomatique au 4e jour, puis l'ensemble de la symptomatologie diminue progressivement sur 2 à 3 semaines environ. Cela peut être plus long chez certains usagers.
Les manifestations cliniques du manque comprennent de l’irritabilité, de l'anxiété, une humeur fluctuante, des troubles du sommeil, une perte de l'appétit, des nausées, des tremblements, des sueurs, des modifications de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, une agressivité possible mais rare et une forte envie de consommer.
FUMER DU CANNABIS REND SCHIZOPRHENE
L'existence d'un lien entre consommation de cannabis et schizophrénie a maintes fois été évoquée. Cependant, la nature exacte de cette association n'est pas clairement démontrée.
Il faut distinguer la schizophrénie de la psychose cannabique (ou trouble délirant induit par le cannabis). Celle-ci est un épisode délirant qui arrive brutalement et d’évolution brève. Le consommateur présente des hallucinations, des sentiments de persécution, des sentiments mystiques, des sensations cosmiques, de l'anxiété ou un sentiment d'influence sur les tiers.
Cependant il est vrai que la consommation de cannabis est plus importante chez les schizophrènes (jusqu'à 40 % de plus) que dans la population générale. Des études ont montré que l'usage du cannabis augmenterait de 40 % le risque de développer plus tard une pathologie psychiatrique.
Actuellement on estime que le cannabis n'est ni une cause suffisante ni une cause nécessaire pour l'éclosion d'une schizophrénie, mais est une composante dans le développement et le pronostic de la constellation des facteurs impliqués dans cette maladie.
L'HOSPITALISATION EST NECESSAIRE POUR GUERIR
Les patients addicts présentent souvent une pathologie psychiatrique associée, mais l'hospitalisation n'est pas systématique. Le suivi en consultation peut être suffisant.
On conseille une hospitalisation lorsqu'il y a plusieurs échecs en ambulatoire ou lorsqu'un patient souhaite s'extraire de son milieu naturel trop addictogène.
L'hospitalisation est souvent souhaitable lorsque le patient présente une pathologie associée (somatique ou psychiatrique). Elle permet une surveillance clinique continue et garantit la réalité du sevrage et l'observance des prescriptions.
Il existe aussi des cas de sevrage contraints lors d'une injonction thérapeutique de sevrage « non désiré ».
Une hospitalisation n'est pas suffisante pour guérir un patient addict. Il faut avant tout que le patient coopère. Le suivi ambulatoire dans certains cas, dans certains services spécialisés avec un médecin addictologue et un psychologue addictologue est en général préféré. Lorsqu'il y a hospitalisation, il faut absolument qu'il y ait ensuite un suivi en ambulatoire.
Laurence ANNO
Psychologue-clinicienne, addictologue à Brunoy.
Yerres, Montgeron, Crosnes
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