LA QUESTION DE L’ENFANT SURDOUE OU HPI (A HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL)
Comment repérer les enfants à haut potentiel intellectuel, surdoués, intellectuellement précoces ?
L'enfant doué présente des particularités : il se sent en décalage et est souvent très sensible.
Comment s'y prendre avec un tel enfant ?
QU’APPELLE-T-ON UN ENFANT DOUE ?
Il n’y a pas un profil type de l’enfant doué. On peut repérer en classe sa rapidité de réflexion qui lui permet de saisir d’emblée les explications. L’enfant doué risque de s’impatienter quand il trouve les explications trop répétitives pour sa rapidité de compréhension. Durant ces moments de lassitude, il s’octroie des échappées plus divertissantes dans un univers que sa fantaisie a construits à son gré. Mais cet enfant sensible peut aussi décrocher du système scolaire. En effet, quand on découvre un jeune HPI, il se trouve qu’un sur deux est en échec scolaire, car l’enfant est trop en décalage face à un système éducatif fait pour les intelligences moyennes.
LES RESSOURCES DE L’ENFANT DOUE
Il écoute, il comprend, il assimile, il saura ensuite retrouver ces nouvelles données dans son esprit et les retrouver au moment opportun. Non seulement l’individu doué intègre avec un bonheur authentique ce qu’il entend pour la première fois, mais encore il le comprend en profondeur : il pourra l’expliquer à son tour, ou, du moins, en discuter avec plaisir, y ajoutant même des illustrations de son cru, parce qu’elles lui seront venues à l’esprit et qu’il les aura gardées en mémoire afin de fixer plus sûrement les informations nouvelles. Il révèle une disponibilité certaine et, en même temps, une capacité à suivre la pensée de l’autre, en saisissant la démarche de son esprit. Ceux que l’on pense si souvent d’un contact difficile avec les autres, savant, en fait, bien mieux entendre.
Mais l’enfant doué de qualités intellectuelles particulières distingue avec acuité ses erreurs. Il pense qu’il aurait sans doute pu les éviter s’il avait été plus attentif, plus intelligent ou plus savant. Il voit ses défauts avec une lucidité aveuglante, presque douloureuse. L’état d’incertitude où il se trouve en permanence le fait souffrir plus que de raison.
On ne répétera jamais assez que l’enfant doué est déroutant. Il sait saisir l’essentiel d’un problème et donner immédiatement la solution … Mais il se révèlera incapable de donner les étapes de la résolution. Ce rythme mental rapide, cette vélocité de l’esprit peut se traduire par une agitation incessante en classe. Désorienté par sa rapidité même, l’enfant doué a du mal à se construire de lui une image solide et cohérente.
L’enfant doué se sent en décalage avec ses pairs. Il doit opérer un choix : soit il se coupe des autres enfants pour rester lui-même, soit il se crée un personnage, réduit ses centres d’intérêt pour se fondre dans la masse. Il est obligé de se normaliser s’il veut continuer à faire partie de son groupe d’amis. C’est donc une amputation qui s’amorce, apportant le soulagement de se sentir dans la norme, entouré de ses semblables… Mais il se sent seul.
LES DESARROIS DE L’ENFANT DOUE
Quand on est plus intelligent, on est aussi souvent plus sensible. L’enfant doué possède une sensibilité extrême qui est encore accrue par la conscience aigüe de ne pas être exactement semblable à ses camarades. Il peut penser qu’il est marginal, voire idiot. C’est pourquoi il est souhaitable qu’il rencontre d’autres enfants comme lui.
Ainsi, une simple remontrance de la maîtresse peut être vécue comme une catastrophe. Elle le remet en cause dans la totalité de son être.
Cet insatiable chercheur peut succomber à l’illusion toute puissante de conquérir le savoir. Or, il lui faut en grandissant gagner en sagesse et devenir plus réaliste. Il faut comprendre qu’il est insensé de tenter de couvrir le champ du savoir dans sa totalité, même si cela est assez douloureux. Sinon, l’enfant qui ne renonce pas à son désir de pouvoir risque de devenir tyrannique. Dans tous les cas, la réaction de l’entourage doit être le rappel inlassable à la Loi.
L’enfant doué est souvent un perfectionniste qui s’applique dans ses propres domaines de prédilection… dont font très rarement partie les devoirs demandés par l’école. Il s’agacera aussi des phrases bêtifiantes qu’on lui demande d’apprendre par cœur, parce que cette poésie est facile à apprendre selon la maîtresse, alors qu’il réagira vivement à une autre poésie qui saura toucher sa belle sensibilité. Il goûtera le rythme des vers, la musique des mots tout en se désolant de ne pouvoir écrire de semblables merveilles. Il évalue avec lucidité ses propres œuvres et ne croit pas aux compliments enthousiastes des adultes.
Le sens aigu de l’injustice semble être une des caractéristiques de l’enfant doué. On peut penser qu’il est particulièrement doué chez eux car, très tôt, ils ont pris l’habitude de voir leurs réactions, leurs paroles et leurs actions si mal comprises. Il leur faut donc tenter d’aider les autres à éviter cette souffrance qu’ils connaissent si bien.
L’enfant doué non reconnu comme tel vit une petite mort. Il n’a pas conscience de ses dons. Il faut qu’un adulte lui permette de découvrir cette nouvelle image de lui-même, image qui n’est pas celle que l’école lui renvoie. Cela est très libérateur. Il comprend alors pourquoi tout est chargé d’une intensité particulière, surtout ce qui relève de l’affectif et que sa différence qu’il trouvait si peu normale est un don précieux.
LE RÔLE DES PARENTS
Souvent les parents se sentent coupables de ne pas avoir repéré le don de leur enfant plus tôt. En apprenant le résultat des tests, ils se demandent s’ils vont être à la hauteur. Faut-il en parler à la famille ? A l’école ? Mon enfant va-t-il être étiqueté ? Devons-nous demander un saut de classe ?
Il n’y a pas forcément à se précipiter pour en parler. Il est assez difficile en effet de trouver le juste milieu entre en parler à tout va et garder le secret comme s’il s’agissait d’une tare. Il convient de faire attention à qui l’on en parle et de gérer les jalousies éventuelles avec un peu d’humour. Quant au saut de classe, si l’enfant ne s’ennuie pas trop et ne rejette pas le travail scolaire, il est en principe mieux dans son groupe d’âge où il est à égal sur le plan du développement affectif.
Ce qui est important, c’est de nourrir son enfant sur le plan intellectuel, mais selon ses demandes à lui. Il faut éviter la tentation de faire de son enfant un grand savant. Cela flatte peut-être le narcissisme parental, mais ne permet en aucun cas à l’enfant de s’épanouir. Il ne faut pas exiger de son enfant qu’il soit le premier de sa classe parce qu’il possède un tel don.
La vie continue. Il ne s’agit pas de renoncer à ses habitudes. L’enfant a surtout besoin de sentir que ses parents le comprennent mieux et sont fiers de ses capacités et de sa belle sensibilité.
Assez souvent, les parents comprennent à travers leur enfant, pourquoi, eux aussi, se sentaient tenus à l’écart, pourquoi ils avaient peu d’amis véritables et se sentaient en décalage avec leurs camarades et avec le programme scolaire. Il est important de savoir que dans une famille, quand on détecte un enfant doué, on découvre que les frères et sœurs, les parents, les cousins sont souvent doués eux aussi. Le QI élevé est souvent une caractéristique familiale.
Un enfant si doué soit-il reste un enfant. Il a besoin de suivre une maturation affective comme tous ces camarades.
L’ADULTE DOUE
La révélation de ses dons modifie de façon bénéfique la vie de l’adulte doué. Il permet une meilleure perception de soi nécessaire à une vie réussie. Encore faut-il s’habituer à cette nouvelle image de soi. Mais c’est souvent une façon de se réconcilier avec soi-même. L’adulte doué comprend qu’il peut se permettre les audaces intellectuelles qui le tentaient, de quoi alimenter les années à venir d’intérêts multiples.
Il découvre que ce qu’il pensait être une intuition anormale était en fait la capacité à interpréter les plus légers signes émis par l’autre et à en tirer les conclusions qui s’imposent pour agir en conséquence.
L’enfant doué devenu adulte a appris à choisir ses interlocuteurs. Il ne se hasarde à dire ce qu’il sait qu’à des auditeurs dont il espère être compris d’emblée, parce qu’il a cru déceler chez eux une possible ressemblance avec lui. Alors pour une fois il peut vivre un moment de réconfortante connivence.
Le plus souvent pourtant, il est obligé de vérifier que ses paroles seront comprises en se mettant à la place de son interlocuteur pour adopter son état d’esprit le plus fidèlement possible : il emploie seulement les mots que ses auditeurs peuvent saisir sans véritable effort, il tait les notions qui pourraient leur sembler inadéquates.
Celui qui a pris connaissance de ses dons pourra aussi permettre à ses semblables, toujours emmurés dans leur carcan, de connaître cet enchantement ineffable qu’est la révélation de la totalité de son être.
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